Thaksin Shinawatra : Une Controverse Autour de sa Libération Conditionnelle en Thaïlande

Une libération controversée : Thaksin Shinawatra retrouve la liberté conditionnelle



Thaksin Shinawatra, qui présida aux destinées de la Thaïlande de 2001 à 2006, se verra accorder une libération conditionnelle après une période de détention de six mois, selon les dires de l'actuel chef de gouvernement, Srettha Thavisin. L'ex-primat ministre, de retour au royaume en août dernier après quinze années d'exil, bénéficiera ainsi d'une réduction de sa peine d'emprisonnement, résultat d'une grâce royale qui a converti huit années de sentence en une seule.


Sous le feu des projecteurs, le Premier ministre actuel a souligné les contributions nationales de ce milliardaire controversé en ces termes : "Thaksin a occupé la fonction de Premier ministre pendant une longue période, apportant maintes réalisations à notre nation. À sa sortie, il redeviendra un citoyen ordinaire", a-t-il affirmé devant une assemblée de journalistes.


Âgé de 74 ans, Thaksin Shinawatra est classé parmi les prisonniers présentant un état de santé critique ou dépassant les 70 ans, selon les informations préalables fournies par le ministre de la Justice. Environ 930 détenus, dont il fait partie, bénéficieront d'une suspension de leur peine, leur libération devenant automatique après une période de six mois d'incarcération, a précisé Tawee Sodsong.


Le moment opportun de cette annonce a suscité des interrogations parmi les analystes, alimentant les spéculations sur un accord tacite entre le clan Shinawatra et ses anciens détracteurs au sein de l'armée et des factions royalistes, permettant à ces derniers de maintenir leur emprise sur le pouvoir malgré une défaite aux élections législatives de 2023.


Thaksin Shinawatra, figure centrale de la scène politique thaïlandaise depuis plus de deux décennies, a polarisé le pays avec ses politiques qualifiées de populistes par ses opposants, divisant ainsi les rangs entre ses partisans, les "chemises rouges", majoritairement issus des zones rurales, et les conservateurs royalistes, les "chemises jaunes". Ayant fait fortune dans le secteur des télécommunications après une carrière policière, il dirigea le pays de 2001 à 2006 avant d'être renversé par un coup d'État militaire, un an après une réélection triomphale.


Après son exil prolongé, Thaksin Shinawatra maintint son influence à distance, à travers sa famille et son mouvement politique. Sa sœur, Yingluck Shinawatra, occupa le poste de Premier ministre de 2011 à 2014, avant un nouveau renversement du gouvernement par les militaires. Aujourd'hui, sa fille, Paetongtarn Shinawatra, préside le parti Pheu Thai et est souvent évoquée comme une éventuelle successeure du Premier ministre actuel, Srettha Thavisin, si ce dernier venait à perdre le soutien de sa coalition disparate.


Par ailleurs, Thaksin Shinawatra est également confronté à des accusations de lèse-majesté pour des déclarations prononcées à l'étranger en 2015, bien que la justice thaïlandaise n'ait pas encore pris de décision quant aux suites à donner à cette affaire. L'homme d'affaires a nié ces allégations et a sollicité du procureur général un traitement équitable.